Le design a toujours oscillé entre deux écoles : le minimalisme — avec des lignes épurées et une sobriété — et le MAXIMALISME — foisonnant de couleurs et de motifs. Mais quelle tendance l’emporte cette année? Pour en avoir une bonne idée, il faut analyser l’industrie… de la mode.
On observe cette année des couleurs riches, des motifs expressifs, des silhouettes oversize et une logomania assumée pour répondre à un désir de visibilité et d’identité forte dans un monde perçu comme instable. Des marques comme Tommy Hilfiger et FUBU remettent au goût du jour des designs bold, surchargés de logos, qui reflètent — selon Fashionable Collections — une demande de singularité dans un monde saturé de designs épurés.
Qui décide vraiment des tendances?
Les tendances naissent de la rue — ou plutôt de celles et ceux qui s’y démarquent. Car, contrairement à ce qu’on peut croire, les modes sont souvent repérées, filtrées, puis amplifiées par des agences de tendances — des cabinets spécialisés qui analysent des signaux subtils à travers le monde (dans la mode, l’art, la techno, la société…) pour prédire les comportements à venir.
Depuis les années 1970, ces agences influencent directement les collections des grandes marques (les palettes de couleurs, les matériaux utilisés ou même les formes de logo) pour optimiser leur chaîne d’approvisionnement. Leur force? Traduire l’air du temps en langage commercial. Si plusieurs marques « sentent » en même temps que le vert sauge ou le brun terracotta sont dans l’air… ce n’est pas un hasard. Ce sont souvent des tendances cultivées et diffusées des années en amont par ces acteurs de l’ombre.
Reflet de son époque, le design graphique est perméable à ces modes.
Par exemple, Pantone désigne chaque année une couleur qui oriente autant la mode que le design (intérieur, industriel, graphique…). En 2025, l’entreprise mise sur un brun soutenu : le Mocha Mousse. Après certaines années très vibrantes, voire criardes, ce choix symbolise un retour aux tons plus doux, chaleureux et profonds — peut-être aussi pour apaiser cet élan maximaliste.
Design graphique : fusion de l’analogique et du numérique
Atelier C3 Design corrobore : les tendances visuelles en 2025 misent sur une fusion entre textures vintage, palettes complexes et éléments générés par IA. On voit réapparaître des effets « analogiques », des compositions foisonnantes (collages, typographies bold, distorsions). Mais paradoxalement, cela s’accompagne d’une recherche de structure et d’équilibre dans la mise en page — pour garder une forme de lisibilité dans le chaos. Résultat : une esthétique « maximaliste contrôlée », où chaque excès est calibré.
Le plus récent clip de Snoop Dogg le représente bien.
Côté web?
Côté web, poussé par l’ergonomie mobile, le minimalisme persiste. Les polices sans empattement (Roboto, Inter, Open Sans) dominent toujours les téléchargements sur Google Fonts, notamment pour leur lisibilité et leur adaptabilité sur divers supports. Mais ici aussi, on assiste à un enrichissement visuel subtil : micro-interactions, effets 3D, design brutaliste, éléments illustrés ou texturés intégrés dans des interfaces épurées.
Même s’il est une valeur sûre, le minimalisme évolue. Selon le Pro Design School, on observe dans le design d’interface une tendance vers un « maximalisme fonctionnel », où la simplicité est enrichie par des éléments interactifs et immersifs.





